Après un très réussi premier album, Welcome to the modern dance hall, les Belges Venus avaient quelque peu déçu sur Vertigone, plus pop et varié, mais à l'intensité moindre. Trois ans plus tard, les voici de retour avec The red room, éjecté d'EMI mais revenu vers les ambiances tendues de leur début, l'électricité en plus. Rencontre avec leur chanteur, Marc A. Huygens.
Pour ce nouvel album, vous avez fait appel au producteur Head, connu pour sa collaboration avec PJ Harvey. Etait-ce lié à une volonté d'aller vers un son plus brut, qui correspondrait à celui des premiers albums de la chanteuse du Dorset?
C'est clair que nous n'avons pas choisi Head par hasard. Nous avions envie d'aller vers ce genre de son, brut et rugueux, que nous n'avions pas encore eu l'occasion de développer dans le groupe. Cette "famille" du Dorset et de Bristol est sans doute celle dont je me sens le plus proche musicalement, qui correspond à des ambiances vers lesquelles j'ai envie d'aller. Mais il ne s'agit pas pour autant d'essayer de les imiter. Et de toute façon ça ne tiendrait pas la route. C'est simplement un son que j'avais depuis longtemps en moi et qui n'était pas encore entré dans notre musique. Mais si nous n'avions pas travaillé sur une tonalité acoustique auparavant, nous aurions fait ça plus tôt.
Malgré ce choix d'abandonner l'orientation acoustique, The red room renvoie à votre premier album, notamment par la tension qui se dégage des morceaux.
C'est vrai. Ce nouvel album sonne en quelque sorte comme un provisoire aboutissement de nos deux premiers albums. Et sans renier quoi que ce soit de Vertigone, je pense que l'on peut presque considérer The red room comme notre véritable deuxième album.
Justement, comment te situes-tu aujourd'hui par rapport à Vertigone?
Cet album correspond à une période où nous avions besoin de respirer, de trouver des ambiances plus calmes et apaisées. Par contre, je reste un peu partagé sur mon chant…
Ainsi que sur l'expérience avec EMI?
Oui, il y a aussi un peu de ça. On s'est fait viré alors que nous avions un contrat pour quatre albums. Et ils n'ont même pas attendu le deuxième (rires). Pourtant Vertigone avait rencontré un certain succès, notamment avec la chanson Beautiful day, et donc cette décision nous a paru assez incompréhensible. Mais bon, ce sont plutôt des histoires de gros sous et de restructuration. Venus a fait partie d'une "charrette" avec une quinzaine d'autres groupes, à un moment où les… comment dire… les "représentants de l'actionnariat d'EMI" ressentaient le besoin de faire un grand nettoyage.
Avec votre arrivée sur le label Bang!, as-tu l'impression de retrouver une liberté plus grande?
Oui. Mais pas à un niveau artistique, car nous n'avons jamais transigé à ce sujet. C'est plutôt au niveau des relations avec les gens de la maison de disques, des raisons pour lesquelles ils font ce métier. Aujourd'hui je me sens bien mieux pour défendre cet album, même si ce n'est pas forcément le plus facile à défendre.
Pour revenir à The red room, pour la chanson Everybody wants to be loved tu as utilisé un texte du film Opening night de John Cassavetes. Est-ce qu'il constitue une influence importante pour toi?
En dehors de tout ce qui est vivant ou réel, le cinéma est ma nourriture préférée pour composer, bien plus que la littérature ou d'autres médias. Quant à Cassavetes, c'est l'un de mes maîtres, de par son travail filmique ou encore les musiques qu'il utilise dans ses films, comme celles de Charles Mingus dans Shadows. D'ailleurs, sur Welcome to the modern dance hall, les premières mesures de la chanson Out of breath reprenaient un gimmick emprunté à Mingus.
Tiens. Vos compatriotes dEUS ont eux aussi emprunté quelques mesures à Mingus, sur le titre Worst case scenario. Simple hasard ou parenté?
Disons que s'il fallait trouver un point commun entre Venus et dEUS, ce serait sans doute cette "réutilisation" de Mingus. Et aussi le fait que le nom des deux groupes finit en "us", comme Mingus (rires).
Quel visage aura Venus sur scène pour la tournée à venir?
Comme ce nouvel album, c'est-à-dire beaucoup plus musclé, serré, avec peut-être un retour à ce que nous dégagions durant la tournée de Welcome to the modern dance hall. Dans notre set idéal – hors festival où on peut être limité dans le temps – nous avons opté pour plusieurs chansons extraites de ce premier album, ainsi que quelques unes de Vertigone. Les chansons ont bien sûr été retravaillées, mais sans pour autant gommer l'énergie qu'elles contenaient sur disque.
The Red Room est effectivement un très bon album à écouter absolument...!
Rédigé par : Blacksad | 12/07/2006 à 16:04
Ce que tu dis est bien vrai, leur second album était légèrement décevant après un album comme "Welcome...", mais "The Reed Room" ne m'a pas déçue. Il est comme à leur début, on l'écoute les yeux fermés et on est ailleurs.
Le meilleur album de l'année, sans aucun doute (avec aussi "An pierlé & White Velvet" que j'adore également ^^).
Rédigé par : Voodoo-girl | 16/09/2006 à 17:34