Et si le drame de Patrick Watson était son premier album? Qu'on se comprenne, je ne suis pas ici en train de renier Close To Paradise, bijou de pop érudite et ludique. Au contraire, même. Mais avec ce premier album, le Canadien a peut-être placé la barre trop haut, oscillant entre des merveilles de pop enchanteresse et des arrangements plus complexes, baroques et expérimentaux à la fois.
Depuis, c'est comme si Patrick Watson était prisonnier de cette excellence, condamné à reproduire la prouesse à chaque nouveau disque, entre science et miracle. En 2009, Wooden Arms sonnait comme un ersatz de Close To Paradise, la surprise et la magie en moins. Tandis que 3 ans plus tard, Adventures In Your Backyard s'égarait, oubliant les mélodies au profit d'une virtuosité trop alambiquée.
Heureusement, les concerts du Canadien et de son groupe - indissociable - rattrapaient ces faux pas et rappelaient de manière éclatante la richesse et l'originalité de cet univers, émancipé du devoir de briller, porté par le simple plaisir de la scène. Restait juste à retrouver cette liberté sur disque.
C'est (un peu) chose faite avec Love Songs For Robots. Sans se départir tout à fait de ses marottes, Patrick Watson ose y déroger par instants, simplifiant les mélodies, assumant plus crânement les ruptures de tons. Un morceau composite comme Turn Into The Noise s'avère ainsi plus digeste qu'attendu, par la différenciation de ses climats comme par la radicalité de ses frictions, laissant l'univers trop parfait de Watson se lézarder par endroits, sans s'effondrer pour autant.
Surtout, le musicien canadien renoue ici avec l'évidence mélodique de ses débuts, alternant ballades dépouillées (Love Songs For Robots, Alone In This World) et pop songs plus tortueuses (Good Morning Mr Wolf, Heart), avec un goût du jeu retrouvé. Jusqu'à oser certains dérapages synthétiques au détour d'un refrain ou sur le surprenant Bollywood, chanson watsonienne en diable fendue soudain d'un tourbillon sonore ébouriffant.
C'est dans ces instants, où il ne s'embarrasse plus des manières et oublie d'être ce premier de classe tant loué, mais aussi dans les moments où il renoue avec un simplicité plus folk, reculant pour mieux sauter, que Patrick Watson trouve un nouveau souffle et renoue avec la verve vibrionnante qui fait son originalité.
Patrick Watson
Love Songs For Robots
Domino/Irascible
En concert:Pully, For Noise, jeudi 20 août.
Son premier opus ne date t-il pas de 2003 pour "Just Another Ordinary Day"? Quoiqu'il en soit ta présentation de son dernier effort correspond globalement à mon propre ressenti. Merci bonne semaine!
Rédigé par : Etienne | 16/06/2015 à 01:19
En effet, mais il me semblait qu'il le considérait comme un album solo, alors que les autres sont le fruit de son groupe (baptisé Patrick Watson, ce qui ne simplifie pas les choses)...
Rédigé par : Christophe | 16/06/2015 à 15:27
Et encore ! Le tout premier opus solo date de 2000 et s'intitule "Waterproof9".
Rédigé par : thr0b | 02/12/2015 à 21:18