On annonçait une soirée historique. On rêvait d'avoir raison. On n'aura pas été déçu. Hier soir, Joan Baez, Patti Smith et Robert Plant auront été à la hauteur de leur légende, offrant au public de Paléo trois très beaux concerts. Et au festival, une véritable soirée d'anniversaire. Cerise sur le gâteau du jubilaire, une communion rare entre les trois stars, Joan Baez rejoignant d'abord Patti Smith sur scène, puis Robert Plant, après que celui-ci lui aura dédié son inaugural Babe, I'm Gonna Leave You.
Mais si les clins d'oeil font les petites légendes, la grande histoire, elle, tient d'abord à la musique. Là aussi, foin de déception hier soir. Horses reste un milestone, Robert Plant un explorateur sonore et Joan Baez l'ambassadrice d'un livret folk historique. D'un concert à l'autre, les festivaliers auront pu se replonger quelques heures durant dans une époque où l'on pensait encore qu'une chanson pouvait changer le monde. Ou aider à mieux le comprendre. Blues cosmopolite pour Plant, punk littéraire pour Smith, folk engagé pour Baez.
Des trois, c'est cette dernière qui m'aura le plus chamboulé hier. Jusqu'à m'emplir d'une émotion étrange, rarement ressentie devant un concert. Peut-être est-ce de l'avoir rencontrée plus tôt, pour une brève mais touchante interview. Peut-être est-ce la force tranquille d'une setlist de choix, passant de Steve Earle à Kris Kristoferson, de John Lennon à George Brassens. Peut-être est-ce juste la puissance émotionnelle de chansons emblématiques, d'Here's To You au Temps des cerises. Ou peut-être est-ce tout simplement la communion qui régnait soudain sur la plaine de l'Asse. Je ne sais pas vraiment...
Tout ce que je sais, c'est qu'hier soir, j'ai été littéralement remué par un bout d'histoire. Alors qu'il y a 20 ans, pour mon premier Paléo, un soir de vingtième anniversaire, je n'avais rien ressenti ou presque en découvrant Bob Dylan sur scène. Longtemps, j'ai pensé que c'était sa faute à lui, autiste électrique sur une scène bien trop grande. Sans doute qu'il y avait un peu de ça. Mais peut-être que c'était moi aussi, trop aveuglé par la portée annoncée de l'événement pour bien tendre de l'oreille. Pour bien entendre la musique derrière la légende. Et l'histoire que raconte cette musique.
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