Vous l'avez peut-être remarqué, ce blog est bien silencieux depuis une quinzaine de jours. L'été festivalier qui s'approche, bien sûr, mais aussi la Coupe du monde qui occupe bien des soirées, entre la Nati qui fait le job, quelques grosses cylindrées qui tirent la langue et une Amérique latine qui séduit.
L'occasion de me fendre d'une playlist footballistique. En essayant toutefois d'éviter les choses gênantes (à peu près toutes les chansons officielles de Coupe du monde), les trucs attendus (New Order, Mano Negra & co) et les hymnes détournés pour les stades (White Stripes, Gossip, Van Halen, même combat). A la place, des pas de côté, des souvenirs précis et des choses plus poétiques. Comme pour se convaincre que le foot et la pop vont bien ensemble. Et dans les deux sens même, à en croire l'existece de l'improbable attaquant brésilien Creedence Clearwater Couto. Mais parlons musique, plutôt.
The Smiths - Sweet And Tender Hooligan En Angleterre, il y a des chansons prisées par les hooligans, mais peu d'hymnes dédiés. Bizarre pour un pays où la littérature hooligan a connu de grands succès. A croire que dans les gradins on manie mieux la barre en fer que la guitare. Heureusement, Morrissey se penche sur l'un d'entre eux - et ses méfaits - dans ce morceau très rock, où il roucoule des "eccetera" à la perfection. Et pour la petite histoire, on notera que le Moz est coutumier de la pop-song footballistique, de Frankly Mr Shankly (référence à l'entraîneur du même nom au FC Liverpool) à Munich Air Disaster 1958 (sur l'accident d'avion qui frappa Manchester United).
Billy Bragg - The Boy Done Good Si chez les Smiths, Momo aime le football, Johnny Marr n'est pas en reste. Et co-signe cette très jolie chanson du protest-singer préféré de Margareth Thatcher, où les souvenirs de ballon rond (I was always the last one, the last to get chosen when my classmates picked their teams) cèdent la place à une histoire d'amour, sans pour autant délaisser la métaphore footballistique (Now I feel like I've won the cup, every time that we make love). Certes, ça n'est pas les Belles lettres, mais cette poésie très terre à terre a son charme. Et colle finalement assez bien au style de Billy Bragg.
Miossec - Evoluer en 3ème division Si en Grande-Bretagne le rocker assume son amour du foot, en France c'est une autre histoire. Déjà qu'il y a pas des masses de rockers, mais en plus, à part quelques vilains morceaux de rap (la palme au "Ce soir on vous met, ce soir on vous met le feu" de IAM) et quelques footeux recyclés (Jean-Pierre François, Thierry Roland, Basile Boli), le ballon rond fait peu recette dans la chanson. Belle exception, ce morceau gentiment défaitiste de Miossec, qui a toujours eu le chic pour marier mots et football (l'histoire dit que durant ces années à TF1, c'est lui qui avait trouvé le slogan "La Ligue des champions avec Mars et M&M's"). Et pour les fans de vélo, essayer aussi Le critérium du même Miossec).
Panda Bear - Benfica Sans surprise, la brit-pop est plus riche en foot-songs que l'indie-rock étasunien. Surtout que là-bas, on dit soccer. Exception qui confirme la règle, la tête pensante d'Animal Collective, exilé au Portugal depuis un bail. Et qui n'hésite pas à chanter son amour pour le Benfica, légendaire club lisboète. Boucles synthétiques et clameurs des supporters se marient à merveille. Et pour la petite histoire, je me souviens d'un séjour à Lisbonne en plein pendant un Benfica-Everton, des rues de la ville débordant de supporters bières à la main... et d'une râclée infligée aux Anglais par les Portugais (5-0, je crois).
Mogwai - Terrible Speech 2 Si la musique ne rend pas toujours justice au football, le cinéma ne fait pas forcément mieux. Pour un increvable Coup de tête, combien de Joue-la comme Beckham ou de A nous la victoire (Stallone et Pelé dans la même équipe)? On saluera donc le projet de l'artiste écossais Douglas Gordon, qui braque ses caméras sur Zidane le temps d'un match en plans serrés. Et on le félicitera plus encore d'avoir engagé ses compatriotes Mogwai pour le score. Le disque est moins mineur qu'attendu, renouant même avec les ambiances hantées de Come On Die Young par instants. La classe. Comme Zizou.
Belle And Sebastian - I Don't Want To Play Football Je vous vois venir. Vous allez me dire que cette chanson parle de football américain. Pas de football. Et vous avez sûrement raison. Mais sérieusement, on s'en fout. D'abord, les Etasuniens n'ont qu'à renommer le football américain soccer, s'ils ne veulent pas qu'on confonde. Et puis ce que chante Stuart Murdoch avec sa voix de fausset colle plutôt bien à ce qu'on voit parfois sur les terrains de foot. Reste que dans la famille Belle And Sebastian on aime sans doute trop le foot (jusqu'à le pratiquer en festival avec des fans) pour oser en dire du mal. Même en moins d'une minute montre en main.
Manic Street Preachers - S.Y.M.M. Si le foot a ses héros, il a aussi ses tragédies. Parmi celles-ci, Hillsborough est sans doute l'une des plus terribles, tant pour le nombre de morts (96) que pour les circonstances troubles qui ont longtemps entouré les événements (pour un bon résumé, je vous recommande le très bon site Bloody Monday). A tel point qu'aujourd'hui encore de nombreux kiosques de Liverpool refusent de vendre The Sun. Les Manic Street Preachers, eux, n'y vont pas avec le dos de la cuillère, comme souvent. S.Y.M.M. pour South Yorkshire Mass Murderer, référence au rôle des policiers du comté du Yorkshire du Sud dans cette tragédie, chantée ici avec force lyrisme.
Pink Floyd - Fearless Loin des tragédies pourtant (à Hillsborough, on ajoutera encore le Heysel), le FC Liverpool reste sans doute l'une des équipes les plus aimées dans le monde. Et son mythique chant n'y est pas pour rien. You'll Never Walk Alone, vieille scie signée Oscar Hammerstein II et Richard Rodgers, et reprise maintes fois, par Johnny Cash notamment. Reste qu'elle n'a jamais autant de puissance que quand elle est chantée par le kop du club. Comme immortalisée sur Fearless de Pink Floyd. Une chanson qu'on aime bien du côté de Liverpool. Et qui a même fait des petits au sein de la scène locale, du côté des La's, par exemple.
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