Je me rappelle très bien la première fois où j'ai entendu parler de The LP Collection. La première édition du livre m'avait été livrée en service de presse et après l'avoir rapidement feuilletée, j'étais resté stupéfait de ne connaître aucun des 50 groupes cités. Et m'étais promis d'y remédier au plus vite... et puis j'avais oublié, bien sûr.
Quelque temps plus tard, je tombais sur un article décortiquant le projet et en dévoilant la supercherie: foin de trésors cachés, The LP Collection n'inventoriait que des disques inventés, nés dans l'esprit taquin de Laurent Schlittler et Patrick Claudet. Le tout soutenu par des textes dans la plus pure tradition des ouvrages encyclopédistes de l'époque. Bien joué. Mais après?
La prouesse passée, il ne reste pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ou dans les oreilles. Les parodies c'est joli, mais ça ne remplace pas un bon disque. Et puis voilà que débarque A tribute to Elysium, faux disque hommage à un album inventé, mais vraie bonne surprise née de la cuisse de The LP Collection, succédant à quelques autres, mais premier à bénéficier d'une sortie physique (en vinyle, of course) et d'un écho certain, puisqu'il s'insère également dans la célébration des 30 ans du musée de... l'Elysée.
10 artistes sont ainsi réunis, pour reprendre 10 chansons prétendument attribuées au duo The Project, mais bel et bien composées par celles et ceux qui les interprètent ici. 10 inédits de bonne facture, qui recèlent même quelques très belles choses. Car si certains morceaux resteront anecdotiques pour leurs auteurs (l'instrumental proposé par Rodolphe Burger, la collaboration entre un Young Gods et Polar en fin d'album), d'autres valent leur pesant de cacahuètes.
Les valeurs sûres confirment ainsi, d'un inédit très poppy et percussif de Peter Kernel au premier titre post-Fauve de Nicolas Julliard, rebaptisé Nicolas Nadar désormais, mais fidèle aux atmosphères de Clocks'n'Clouds. Mais les plus beaux moments viennent de ceux qu'on attendait pas forcément.
En tête, le Valaisan Yellow Teeth qui profite de l'occasion pour changer de registre, troquant le folk classique déployé sur Night Birds contre une pop brumeuse et tendue comme il faut. Ou le Canadien Mark Berube, qui s'essaie avec bonheur au français pour une ballade terreuse et fragile. Ou encore la très réussie rencontre entre les Bâlois Anna Aaron et Don't Kill The Beast, le temps d'une miniature pop poignante.
Trois perles qui légitiment à elles seules l'exercice. Parodie d'une époque qui célèbre bientôt tout et n'importe quoi, dans le rock du moins, A Tribute To Elysium, est avant tout une offrande musicale, un hommage à une certaine scène indépendante, qui le lui rend bien. Des exercices de style comme ceux-ci, j'en veux bien chaque année.
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