Je t'aime moi non plus Divorce, rabibochage, reformation, nouvelle tournée et nouvel album. Oasis revient aux affaires et ça s'écoute en MP3.
Peut-on vraiment parler de surprise? Dans un communiqué envoyé aux médias et aux blogs dans la matinée, le label Big Brother annonce le retour d'Oasis. Oui, vous avez bien lu. Liam et Noel Gallagher auraient refait la cope, 9 mois après un divorce houleux et médiatisé dans les coulisses de Rock en Seine. Et annoncent même une tournée dès cet été, reprenant en fratrie les dates annoncées jusqu'ici par Beady Eye (le projet solo de Liam, pour ceux qui ne suivraient pas).
N'allez toutefois pas croire que le vieux frérot se mettra gentiment au service des compos pompières de son cadet. Non, non, non. En plus d'une reformation qui promet un dépoussiérage en règle du catalogue du duo, Big Brother annonce également un nouvel album qui devrait suivre la tournée. On n'arrête pas le progrès... Mais bon, puisqu'il y a des fans, il devrait y avoir un public pour ce - sans doute - très lucratif grand rabibochage. Et comme je ne suis pas vache, je vous file même un lien pour découvrir un premier extrait de l'album, gentiment mis à disposition par la maison de disques. C'est ici et bonne journée.
[BIEN SÛR, CE N'ÉTAIT QU'UN POISSON D'AVRIL. MERCI TOUT DE MÊME Á CEUX QUI ONT MARCHÉ. ET MERCI AUSSI Á CEUX QUI SE SONT ÉCHARPÉS DANS LES COMMENTAIRES. QU'IL REVIENNE OU NON, OASIS FAIT TOUJOURS PARLER. ET C'EST BON, C'EST BON.]
On rigole, on rigole Et après on saigne du nez. Ou pas. C'est aussi ça l'effet Radiohead.
Radiohead - These Are My Twisted Words
Ça va commencer à devenir une habitude, l'effet KissCool chez Radiohead. Pour In Rainbows, le groupe avait pris tout le monde de vitesse en annonçant la sortie d'un nouvel album exclusivement sur le net, avant de rentrer dans le rang et de signer chez XL. Enthousiasme puis déception pour certains. Cette année, rebelotte. Premier symptôme, une chanson pas terrible pour Harry Patch, dernier poilu britannique récemment décédé (sans doute que les Britanniques ne disent pas poilus, mais bon). Second symptôme dix jours plus tard avec These Are My Twisted Words, nouvelle chanson plus présentable (notez que les deux sont encodées en 320kpbs, ce qui est un progrès). Ce qui est drôle, c'est que la première est vendue 1 £ alors que la seconde est gratuite (je sais, vous allez me dire que c'est pour une bonne oeuvre, mais avez-vous vraiment envie de soutenir une association venant en aide aux soldats et à leurs familles en pleine crise économique mondiale?).
Peut-on attendre un album en troisième symptôme? Rien n'est moins sûr. Le groupe ne semble en effet pas très "in the mood for a LP" en ce moment (oui, en ce moment, amis des Inrocks et autres médias francophones en ligne, plus prompts à chercher le gros titre que la bonne traduction). On se contentera donc de ce nouveau titre tortueux et hypnotique, qui reprend l'histoire là où Amnesiac l'avait laissée, sans trop tourner en rond toutefois, ni s'imposer comme le chef-d'oeuvre qui tue non plus. Mais bon, on n'attend pas forcément ça du groupe et c'est bien mieux que les cordes sirupeuses pour Harry et les chansons faussement simplistes (oui, je prends des gants avec le temps) d'In Rainbows. Surtout, c'est un bonne manière de commencer la semaine.
Et pour télécharger ce titre, gratuitement, c'est ici.
Drôle de tête Entre Antony Hegarty et Patrick Watson, DM Stith fait une entrée discrète mais remarquable dans la cour des songwriters franc-tireurs.
Dernière ligne droite avant décembre et dernier "MP3 de la semaine" de l'année. Pour bien faire, jouons la carte de la découverte, trouvée du côté d'Asthmatic Kitty, label découvreur de Sufjan Stevens et refuge, notamment, de My Brightest Diamond et Castanets.
C'est avec un EP composé de 5 titres que le New-yorkais DM Stith (D pour David, pour le M je n'ai pas eu le courage de chercher) fait son entrée, rayon songwriters qui aiment à jouer des grands espaces. Mêlant mosaïques de petits sons, bricolages d'arrangements délicats et souffle lyrique évoquant plus d'une fois Patrick Watson lorsque la voix emprunte le grand huit, Curtain Speech touche par son équilibre bancal et ses envolées pop spectrales.
Extrait proposé ici, Just Once accroche par son ouverture ludique et dépouillée, avant de décoller lentement grâce à des arrangements baroques qui alignent les faux départs vers des crescendi, dévoilant le potentiel emphatique du morceau sans se vautrer dans des orchestrations trop ostentatoires. Des envols avortés qui se laissent soudain surprendre par un fortissimo bout-de-ficelle, où clappements de mains et soufflerie dévorent l'espace pour le prolonger en une fête foraine fantôme, qui s'éteint comme elle avait débuté, laissant tourner sa grand roue à la vitesse d'une grande aiguille.
La suite en janvier, toujours chez Asthmatic Kitty, pour un format long.
Un barbu, un frère, une soeur Les petites familles sont les meilleures dans le vaste monde du folk.
C'est l'histoire d'un songwriter barbu à la voix douce. Et ce n'est pas l'histoire d'Iron & Wine. Pourtant, comme son prédécesseur Sam Beam, Justin Ringle se choisit un pseudonyme au moment de monter sur scène: il s'appellera désormais Horse Feathers et s'embarque pour l'Oregon. De cet exil musical, il laisse quelques traces sur le web, deux chansons pour être exact.
C'est l'histoire d'un musicien prodige en Oregon. Il a à peine 20 ans et prête ses talents à Norfolk & Western. Sur le net, il découvre les deux chansons de Horse Feathers et entre en contact avec lui. Peter Broderick - puisque que c'est de l'auteur des très beaux Float et Homequ'il s'agit - propose à Justin Ringle ses compétences d'arrangeur, son violon, sa scie et... sa soeur! (Rassurez-vous, il ne s'agit que d'un présent musical)
Voilà comment le solitaire Horse Feathers s'est transformé en ménage à trois. Et à l'écoute de House With No Home, on se dit que cette fusion était sacrément bien sentie. Portées par la voix au lyrisme éthéré de Justin Ringle, les ballades du trio séduisent tant pour leurs mélodies limpides et mélancoliques que pour la délicatesse rustique de leurs arrangements (banjo, scie, choeurs féminins, violon). Une brume douce plane sur cet univers folk, entre onirisme ténébreux (Father Reprise) et langueur automnale (Albina), à l'image de la pochette de l'album et sa cabane spectrale.
Horse Feathers House With No Home Kill Rock Stars/Irascble
Continuité Une pochette dans la lignée de celle de "Des visages des figures", une protest-song dans le prolongement d'une carrière engagée. Noir Désir revient. Et ça fait du bien.
C'est arrivé par surprise. Alors bien sûr, à force, ça n'en est plus une de surprise quand un groupe sort de nouveaux morceaux sans prévenir sur son site. Sauf que là, il s'agit d'un groupe qu'on n'attendait plus ou pas si tôt.
Noir Désir est de retour et déjà les rédactions de la francophonie entière sont en ébullition, relayant la nouvelle et fourbissant leurs armes pour débattre, brasser de l'air autour de la figure de Bertrand Cantat, ses mains rouges et son droit de chanter à nouveau, la possibilité d'écouter son groupe sans penser au drame qui s'est joué à Vilnius. J'éviterai donc le sujet, même si le plaidoyer me pend au nez. Mais je m'y plierai plus tard, selon les conneries entendues ailleurs.
En attendant, parlons musique, tout simplement. Noir Désir revient avec un maxi à à l'ancienne, un 45 tours avec sa pochette, sa face A et sa face B. Le tout en format MP3 et PDF, librement téléchargeable sur le site du groupe.
Côté face, pour commencer par la fin, une reprise power-pop du Temps des cerises. Une chanson liée - à tort - dans les esprits à la Commune de Paris, le rouge des cerises évoquant celui du sang et du drapeau révolutionnaire. Malgré son anachronisme, on conserve l'analyse en écoutant la version de Noir Désir, guitares tranchantes, rythmiques à sens unique et voix déchirée. Mais le brûlot est un brin daté, dans son son comme dans son style.
Côté pile, un nouveau morceau, un vrai, Gagnants/perdants. Et dès la première écoute, on sait que c'est un "tube". La mélodie s'insinue dans la mémoire naturellement, volant quelques bribes de paroles au passage (pour ma part "Pimprenelle et Nicolas, vous nous endormez comme ça" et "Il y a la chair à canons, il y a la chair à spéculations"). Une protest-song dans son texte comme dans sa cadence faussement apaisée, son chant comme apathique, son harmonica dylanienne en fin de course. Une chanson qui colle au souvenir qu'avait laissé le groupe, jusqu'à la rime sous-entendue revenue de L'homme pressé ("Mes correspondances uniques et leurs femmes que je... fréquente évidemment" devient ici Oh maintenant c'est foutu, ça fait joli dans ton... for intérieur"). Aujourd'hui, l'homme pressé à la gueule de bois et nous avec. Noir Désir chante la crise, avec calme et simplicité, sans fioriture mais avec fermeté.
J'interviewais Jane Birkin mardi dernier à Genève. Fatalement, la discussion a dévié sur Gainsbourg, très présent cet automne en couverture des magazines. "Manque-t-il à la France d'aujourd'hui?", lui demandai-je. "Oui", a-t-elle répondu, racontant que depuis 17 ans, elle n'a jamais rencontré quelqu'un qui ne lui a pas parlé de Gainsbourg, lui expliquant le plus souvent combien il leur manquait. "Bien sûr, ces derniers temps il y a Alain Souchon et son Parachute doré", tempéra-t-elle encore. Oui, mais non, dirai-je. Souchon le gentil cocker fait rigoler, mais ne comble pas ce dont les gens ont besoin. Gainsbourg le faisait, à sa façon. Noir Désir l'a fait aussi, parfois. Et le refait avec ce Gagnants/perdants.
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